APOCALYPSE RIDERS - T01 - Le Tanneur by Borya Zavod

Auteur:Borya Zavod [Zavod, Borya]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Evidence
Publié: 2021-03-07T13:00:00+00:00

Chapitre 12

Nous nous pointons en début de soirée à la porte blindée d’un restaurant chinois, une façade colorée dans le treizième arrondissement entre les rues Jackie-Chan et Éric-Zemmour, le district 31.

Premier passage en douceur, les motos grondent. Les gars nous laissent passer contre quelques billets. De temps en temps, on nous demande ce que l’on vient faire là. Ils n’aiment pas trop les étrangers. Plus la peine d’être noir, arabe ou niaque, non, juste tu fais quelques kilomètres. Plusieurs gars dans les rues sont armés, ici, c’est une milice proche des triades qui gère la sécurité du quartier, des gars tatoués des pieds à la tête. Pas de police fédérale, pas de flics locaux, juste cette milice plus ou moins légale, habilitée par le gouvernement transitoire.

Un Jaune lève la main. L’équipée sauvage s’arrête.

— Nous avons rendez-vous. On vient voir Koala.

Le bridé louche sur nos bécanes, nos tatouages, nous trouve certainement aussi trop vieux pour lui faire de l’ombre.

Il louche sur nos calibres, notre artillerie le rend nerveux.

— Juste de quoi vous défendre sur les routes, c’est ça ?

Le Chinois mate ses copains, tous disposent d’une force de frappe imposante, des fusils-mitrailleurs sous les aisselles, des gilets pare-balles dernière génération, casque tactique. On ne rigole pas au pays des bridés, ou alors vraiment jaune. Ils font des photos, prennent nos tronches sous tous les angles, nous laissons faire. Nous la jouons sympathique, sourire, courbette, et bakchich. Il consulte des informations sur sa tablette.

Puis l’autre, le plus vieux, nous balance froidement :

— Vous pas autorisés à venir là !

— On vient voir Koala ! insiste Daddy. Koala, tu vois qui c’est ? Il nous attend.

— Nous pas pouvoir, nous pas prévenus.

— Je l’ai eu au téléphone ce matin.

Les mecs montent dans les tours, ils se rassemblent, parlent fort un dialecte local, mélange d’arabe, d’argot de russe et de chinois. Le geek tapote toujours sur son écran tactile, puis il sort un téléphone portable, le genre des années 90, un modèle à clapet gros comme le poing, ça a un siècle, ce truc. Je ne savais même pas qu’on trouvait encore ce genre de modèle. Il baragouine un bon moment.

L’apprenti mate encore des culs, mais de bridées cette fois-ci. C’est l’âge, montée d’hormones et descentes de calbute.

Putain, c’est long, je le sens mal, je commence à m’énerver aussi. Paulo a les pognes qui le démangent.

Le Chinois à la tablette relève le nez et fait signe à son pote, il se met à sauter sur place et se précipite sur son patron, on est bien attendus.

Le taulier hésite un moment, il est méfiant, il fronce les sourcils.

— Nous vous escorter, vous pas rentrer seuls.

Deux Chinois se posent alors derrière nous, des bécanes déboulent, nerveuses, des bruits de bourdon, des japonaises, sportives, un passager derrière chacun, tous armés de fusils-mitrailleurs. Les carénages ont été renforcés. On repère même des chaussettes en kevlar sur les pneus. Je lance avec sarcasme :

— On ne va pas se perdre !

— Nous escorter vous, c’est la règle !

Les gros cylindres en acier brut crachent leur tonnerre.

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